Armelle

Armelle

D'où viens-tu ?

Pour citer Alain Damasio (La Horde du Contrevent), le cosmos est mon campement. J'aime l'idée qu'on est "de la poussière d'étoiles", et en même temps on est issus de la Terre, c'est ici que les conditions étaient réunies pour que l'histoire se passe comme on la connaît...

J'ai toujours aimé les histoires, j'en ai vu et lu des milliers, je pense. Depuis ma plus tendre enfance d'ailleurs, j'en ai raconté aussi, entre les jeux dans la cour de récré qui étaient quasiment des jeux de rôles (je jouais aux Indiens avec mon amie, et avant de rentrer en classe, on attachait bien nos chevaux pour les retrouver après l'école !), les livres que j'ai lus à mon frère et ma soeur, et j'ai même joué dans des pièces à l'école primaire (j'ai joué le rôle du Mistouflon dans une adaptation d'un livre jeunesse, j'en garde un excellent souvenir) !
Aujourd'hui, j'ai toujours un livre en cours, même si je lis moins que ce que je voudrais, et je regarde aussi beaucoup de séries. Tout comme mes livres préférés ont toujours été des pavés, j'aime l'immersion au long cours qu'on peut trouver dans les séries.

Alors forcément, tout ça développe l'imaginaire, et il m'arrive de me faire tout un film en deux minutes à partir d'un simple petit détail de mon environnement... et parfois, cela mène à des idées de spectacle qu'on réalise ensuite avec Tête au cube.

Pourquoi Tête au Cube ?

Tête au cube est l'aboutissement sans cesse en mouvement d'une longue aventure qui a commencé en 2002. Il y a eu beaucoup de péripéties, des moments exaltants, des difficultés humaines, mais à travers tout ça, une chose est restée inébranlable : la passion de créer, d'expérimenter, d'apprendre.

Aujourd'hui j'aime énormément ce qu'est devenu le projet, ce désir commun à toute la troupe de chercher ensemble, de raconter ensemble, de travailler et de s'amuser ensemble. C'est super motivant d'être entourée de personnes avec qui on partage une certaine communauté de pensée, tout en ayant chacun son univers. C'est motivant aussi de devoir toujours aller de l'avant pour se renouveler dans le contenu des ateliers, dans la direction qu'on invite la troupe à prendre avec nous (Nico et moi).

Sans texte, pendant 1 h, pas de craintes ?

Des craintes, j'en ai, mais pas liées à l'absence de texte ! En y réfléchissant, le texte que jouent les acteurs sert à créer l'histoire, pas à leur donner quelque chose à dire, contrairement à la représentation spontanée qu'on peut avoir. (Je pense à toutes les personnes qui nous ont dit : "moi j'aurais peur de ne pas savoir quoi dire")
Donc le vrai enjeu est de construire l'histoire, pas de dire quelque chose ; si on est dedans, on sait quasiment toujours quoi dire... mais construire une histoire qui se tienne, qui soit intéressante, captivante... c'est différent ! D'habitude les acteurs n'ont pas à gérer la dramaturgie et la mise en scène, c'est bien pour ça qu'on travaille énormément dessus, parce que nous on le gère, et en temps réel en plus !

Pour revenir à la question, quand j'ai des craintes, en général c'est qu'on s'est donné un défi ambitieux (comme réaliser une comédie musicale par exemple !) et que j'ai peur de décevoir notre public. Dans ce cas, ce qui me tranquillise c'est de me dire que je ne serai pas seule sur scène, que tout ne repose pas sur moi, et qu'on va le faire tous ensemble, ce spectacle !

Un instant à partager ?

Difficile de choisir, il y en a tellement !

Une expérience collective : dans le spectacle Seul au monde, j'ai l'idée pour symboliser la solitude du personnage principal, et la douleur qu'il a subie en perdant tous ses proches, d'entrer sur scène, seule, et de déclarer face au public "je suis morte". Et tous les autres comédiens suivent le mouvement et viennent se positionner sur scène en déclarant de même "je suis mort-e". J'ai aimé la fluidité de la scène, l'entente des comédiens au delà des mots, et j'aurais vraiment aimé voir cette scène du point de vue du public, pour savoir si elle avait la même puissance de l'extérieur que de l'intérieur.

Une expérience plus individuelle : dans le spectacle Collision : 5 trajectoires pour un drame, je joue la mère d'un adolescent qui vient de mourir dans l'effondrement d'un immeuble, à cause d'un terrible concours de circonstances. Je tiens pour responsable un élu (joué par Roberto), et je déverse sur lui toute la rage et le désespoir qui m'habitent, je lui hurle dessus et vais presque jusqu'à le frapper... La scène finie, à peine arrivée en coulisse, je ris du bonheur d'avoir joué cette scène si violente, de m'y être impliquée si intensément.

Une question que tu aimerais te poser pour finir cette interview (et la réponse) ?

Quelle est, de toutes les histoires que tu as lues ou vues, ta préférée ?

Drôle d'idée de se poser une question à laquelle on n'a pas soi-même la réponse ! Il y en a tellement que je ne peux pas choisir, d'autant que j'ai du mal avec la notion de préférence... Malgré tout, il y en a qui me suivent, auxquelles je pense plus qu'à d'autres : les films Thelma et Louise ou Fisher King, par exemple, Battlestar Galactica ou Breaking bad dans la catégorie séries, et pour la littérature Le cycle d'Hypérion de Dan Simmons, et une des plus anciennes émotions littéraires, le livre pour enfants Michka que j'ai toujours trouvé d'une grande tristesse et donc d'une grande beauté... (lire cette critique pour comprendre pourquoi)

Le portrait chinois

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